L’art de quitter la maladie (2009)

Une volonté de comprendre le chemin que j’ai emprunté jusqu’alors me porte à une lecture de Michel Thévoz sur l’art brut, cet art des fous, des psychotiques ou encore des schizophrènes. J’y trouve ceci :

«  L’art brut, foncièrement plébéien, enseigne que l’invention artistique est à la portée de tout un chacun, sans requérir d’initiation savante; mais contradictoirement, cette invention ne prend effet qu’à la faveur d’une rupture sociale et mentale toujours dramatique et très exceptionnelle. »[1]

La maladie mentale place dans un état d’ouverture et de liberté second qui conduit à des réalisations artistiques proches du génie. Certains artistes recourent à la drogue pour atteindre ces états hors monde. C’est le cas de Henri Michaux dont les encres et certains écrits m’ont inspiré une manière de faire qui m’a conduite à une désintégration de soi. La maladie mentale ne peut dicter à l’art sa croyance en une symbiose avec l’Autre, illusion possible grâce à une rupture avec l’autre. La création ne peut se tenir dans la maladie que par instant sombre et angoissant. Il y a un mouvement contraire qui me porte aujourd’hui à faire de l’acte créateur un travail qui va vers l’autre plutôt que vers soi.

[1]Thévoz, Michel, Art brut, psychose et médiumnité, Paris : Éditions e la Différence, 1990, p.27.

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