La mort de Dieu (2016)

L’un : Dieu est mort.

L’autre : De toute façon, je suis née dans un monde où Dieu n’existait pas.

L’un : Personne ne t’a transmis l’existence de Dieu?

L’autre : Quand j’ai voulu enfant en savoir quelque chose, ma mère m’a dit qu’il n’était que chimère.

L’un : Il n’y a jamais eu de récit fondateur dans ton enfance?

L’autre : Non jamais.

L’un : Que t’a répondu ta mère alors quand tu lui as demandé d’où viennent les hommes?

L’autre : Quand je lui ai posé la question, elle m’a répondu que certains croient que le monde a été créé par Dieu, que d’autres pensent plutôt que l’homme descend du singe.

L’un : Mais par delà cette réponse, n’as-tu pas cherché à savoir?

L’autre : Oui. J’ai toujours voulu savoir.

L’un : Ce que tu veux savoir, en même temps, tu sais que tu ne peux pas le savoir.

L’autre : Mais la croyance n’est pas plus une réponse.

L’un : Qu’est-ce qui fait sens alors?

L’autre : Quelque chose qui me permet d’aller plus loin sur mon chemin.

L’un : Mais qu’est-ce qui guide le sens de ton chemin?

L’autre : Je sais seulement le reconnaître quand il apparaît. Je l’invente en suivant un désir.

L’un : Un désir pour quoi?

L’autre : Un désir de rien en particulier. Un désir pour quelque chose qui n’existe pas encore, mais quand il m’apparaît, je le reconnais, puis s’en va.

L’un : Un vide alors?

L’autre : Un vide qui prend forme tout à coup. Marguerite Duras a dit un jour qu’elle a toujours cherché Dieu. Que personne ne s’en rendait compte, mais qu’elle écrivait pour le chercher ou le trouver.

L’un : Mais que voulait-elle dire?

L’autre : Peut-être que la question de Dieu se pose à partir de la question du sujet.

L’un : Alors il n’est pas mort?

L’autre : Celui de ma mère est bien mort. Mais le Dieu que cherche Duras, lui, ne pourra jamais mourir.

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